A la lumière de la Phénoménologie

photo de Myxi

[blockquote] Mais certes au cours de ma vie, lorsque rien d’urgent ne me gouverne, lorsque ma signification n’est pas en jeu, je ne vois point de problèmes plus graves que ceux de mon corps. A de Saint EXUPERY.[/blockquote]

Les Grecs étaient les premiers à ne pas concevoir le monde comme une évidence en soi. La mythologie a rempli en l’homme un vide dont il n’en a pas conscience. La phénoménologie étudie l’apparition de l’être à la conscience. C’est le « se-montrer ».Elle tiendra pour but suprême l’appréhension des « choses mêmes ». C’est-à-dire tout ce qui tient à la signification dans la richesse structurée de leur nature et leur essence. La « chose », c’est l’invariant de tous les temps perceptifs individuels. La phénoménologie parle de champ transcendantal qui signifie que la réflexion n’a jamais le monde dans son regard.

Elle essaiera de résoudre des problèmes sur le terrain de l’expérience, de l’intuition, des choses mêmes prenant en compte le contenu vivant. Elle découvre dans le fondement du monde le temps et la temporalité. Pour Husserl, le fondateur de la phénoménologie, sa conception est de la poser comme fondement sur lequel toute science et toute philosophie doivent s’édifier.

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Avant que la conscience ne devienne sensation, elle serait dans le domaine pré-objectif, le monde des formes, des idées. La conscience confronte les souvenirs avec les données présentes et nous donne une perception. Les objets qui étaient dans l’ombre sont éclairés par « l’attention ».Par contre le jugement rassemble les sensations. Par exemple lorsque je vois un objet, je peux le « juger » comme lourd alors qu’il ne l’est pas forcément dans le « senti ». Les sensations que nous percevons, déclenchées par des stimuli de notre corps retrouvent leur origine dans l’esprit constituant. Je me jette dans le monde pour saisir un « réel » au delà des apparences et le « vrai » au delà de l’illusion. En tant que conscience je peux être partout en intention.

Le sentir porte toujours une référence au corps, c’est une communication vitale avec le monde qui nous le rend présent comme lieu familier de notre vie. Le corps est relié à son entourage par des fils intentionnels. Pour Bergson, être un esprit c’est dominer l’écoulement du temps et être un corps c’est avoir un présent.

Le corps est une coupe instantanée sur le devenir de la conscience. Le corps est le véhicule de l’être au monde et avoir un corps c’est se joindre à un milieu défini, s’y confondre avec certains projets et s’y engager continuellement.

La vie de la conscience est sous-tendue par un arc intentionnel qui projette autour de nous, notre passé, notre avenir. Cet arc intentionnel fait l’unité des sens, de la sensibilité et la motricité. La conscience n’est pas un « je pense que », mais un « je peux ». Pour que nous puissions mouvoir notre corps, il faut que l’objet existe pour lui. Notre corps habite l’espace et le temps. De même qu’il est nécessairement « ici », notre corps existe nécessairement maintenant, il ne peut jamais devenir « passé ». Etre corps c’est être noué à un certain monde. Notre corps est un nœud de signification vivante. Le corps exprime l’existence comme la parole exprime la pensée.

La vérité n’habite pas l’homme intérieur ou plutôt il n’y a pas d’homme intérieur, l’homme est au monde, c’est dans le monde qu’il se connaît. Tout le problème Husserlien est de dire comment il y a pour moi des objets, c’est pourquoi il est vrai de dire que l’intentionnalité est au centre de la phénoménologie. Dire que la conscience est conscience de quelque chose c’est dire que je suis entrelacé avec le monde. Il y a un ensemble de stimuli qui porte le sujet vers son entourage naturel et culturel.

Le monde est nié comme extériorité et affirmé comme entourage, le moi est nié comme intériorité et affirmé comme existant.

Comme l’indiquait la République de Platon, la compréhension du fait que nous sommes dans la caverne présuppose que l’on soit sorti.

 

Auteur : Iqbal JOOMRATTY, Sophrologue