Sophrologie et Hypnose : deux vieilles amies qui se sont perdues de vue !

hypnose

Vous savez plus de choses que vous savez que vous savez.
Milton Erickson

L’hypnose de music hall au cours de laquelle l’hypnotiseur lance un « Dormez ! » autoritaire et dirigiste est en grande partie responsable de la mauvaise presse de l’hypnose. J’entends beaucoup de personnes qui ont peur de l’hypnose ou qui ne comprennent pas la différence avec la sophrologie. L’hypnose de Milton Erickson doit avoir sa place (et de choix) dans le monde des thérapies brèves et nous nous devons de lui faire honneur car elle est aussi efficace que la sophrologie ou la PNL. C’est pourquoi au travers de cet article, j’ai souhaité lui rendre hommage, clarifier certaines idées reçues et démontrer que l’hypnose et la sophrologie sont de vieilles amies qui se sont simplement perdues de vue. D’ailleurs Messieurs Caycédo et Erickson n’étaient pas du tout étrangers l’un à l’autre !

     Et si nous commencions par les nombreuses ressemblances entre la sophrologie et l’hypnose Ericksonienne ?

  • Tout d’abord, si nous nous interrogeons sur le rôle de la sophronisation de base ? Nous savons qu’elle permet d’induire le relâchement musculaire qui entraîne l’apaisement mental et permet d’accéder à un niveau de vigilance propice au développement personnel. En d’autres termes, il s’agit d’une forme d’induction qui utilise la lecture des tensions corporelles pour amener le patient dans un état de conscience modifiée. Savez-vous que cette façon de faire existe également en Hypnose Ericksonienne ?
  • Ensuite, si je vous parle d’un « état physiologique bien particulier du cerveau : ni un état de vigilance, ni un état de sommeil avec perte de conscience » ou d’un « état psychique particulier susceptible d’être provoqué et qui augmente à des degrés divers la suggestibilité ». Vous aurez reconnu l’état sophro-liminal et vous avez bien raison. Bravo! Sauf que ces deux définitions sont en réalités celles de Pavlov et Bernheim pour caractériser … l’état de transe hypnotique.
  • Quant aux activations en sophrologie, elles ont également leurs jumeaux en hypnose puisque les suggestions hypnotiques sont pensées, formulées et destinées aux mêmes applications thérapeutiques ! Avez-vous assisté à une séance d’hypnose ? Si vous écoutez les mots de l’hypnothérapeute pour guérir les maux du patient, vous vous rendrez rapidement compte qu’il ne sont teintés ni de SON analyse, ni de SON jugement, ni de SA motivation ou de SA pensée personnelle. Les mots sont on ne peut plus larges et ouverts, l’inconscient du patient se chargera d’y apposer, en toute autonomie, la signification et donc le changement qu’il souhaite !
  • Pour finir, les controversées suggestions post hypnotiques ne sont que des cousines de nos futurisations ou des ponts vers l’avenir en PNL! Lorsque nous proposons une sophro-mnésie pour reconnecter une ressource et que nous terminons notre séance par  une futurisation avec, nous effectuons une sorte de « suggestion post activation intra sophronique »! Ici, nous suggérons et ancrons au patient que ce pour quoi il vient de se programmer, va fonctionner. Ni plus, ni moins.

     Des différences existent entre la sophrologie et l’hypnose Ericksonienne mais elles ne doivent absolument pas aboutir à en faire des thérapies opposées mais bien complémentaires.

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  • Tout d’abord, le rythme des séances : en sophrologie puisqu’il faut instaurer une relaxation corporelle, le ton est calme, épuré, propice à inviter détente et lâcher prise. En hypnose, il y a une plus grande liberté et il existe notamment une induction hypnotique dite de la confusion qui consiste à noyer le patient dans un flot de paroles rapides, contraires et dénués de sens … et la conscience se décale en tentant d’en trouver un !
  • Ensuite, le terpnos logos employé en sophrologie s’adresse et est clairement compris par la conscience. Le vocabulaire hypnotique quant à lui s’adresse et est clairement compris par l’inconscient. C’est pourquoi la conscience, mise au banc de touche, crie à la manipulation ! L’inconscient et le conscient d’un individu ne s’expriment pas de la même façon, ils ont un langage propre, l’inconscient étant beaucoup plus sensible aux contes et aux métaphores.
  • Vous l’avez bien compris, la conscience est l’actrice principale en sophrologie alors que c’est l’inconscient qui occupe le devant de la scène hypnotique. De ce fait, la prise en charge est nuancée. En sophrologie, le patient se doit d’être impliqué dans son évolution, il doit s’entraîner, en faire une véritable philosophie de vie et devient autonome. Les changements apparaissent quelques temps après, ils sont doux, durables et surtout compris et connus par l’individu. En hypnose, les changements sont plus rapides mais le comment n’est pas toujours à la portée du patient qui n’a pas besoin de répéter les séances.
  • Le charme de la sophrologie est de donner la clef consciente de comment mieux vivre son quotidien. Mais l’hypnose est également une grande séductrice puisque si l’inconscient est la pièce angulaire de la thérapie, vous comprenez bien qu’il va respecter l’écologie interne du patient et choisir un changement parmi les gammes propres de la personne !

    Finalement, la seule différence notoire est que l’hypnose souffre d’une réputation de spectacle et de manipulation alors que la sophrologie jouit d’une vision de thérapie douce et positive. Mais attention, le médiatique fascinateur Messmer a confié récemment que sa prochaine initiative sera de se lancer dans ce qu’il appelle la « sophrologie dynamique »! Alors profitons de la bonne image de la sophrologie tant qu’il en est encore temps, car qui sait un jour, comme les hypnothérapeutes, nous pourrions nous aussi nous acharner à faire admettre que la sophrologie n’est pas une manipulation de l’esprit !

Crédit photo : figlioDiOrfeo♥ via Compfight cc

Auteur : Laura JAUVERT, Sophrologue.