Interview de la sophrologue Odile Khalifat

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Quel a été votre parcours professionnel avant de devenir sophrologue ?

Diplômée de l’institut de soins infirmier en 1989, et diplômée de l’institut de puériculture de Paris en 1990, j’ai exercé ma fonctions de puéricultrice dans diverses structures, comme en service de maternité, de PMI et particulièrement en hôpital psychiatrique, en unité mère bébé où je travaillais en collaboration avec des pédopsychiatre sur le lien de mères souffrants de pathologie psychiatriques anciennes ou déclenchées par l’accouchement ( schizophrénie, psychoses diverses, dépression post natal, psychose puerpérale…).

A quelle occasion avez-vous été mis en contact avec la sophrologie ?

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Le premier contact que j’ai eu de la sophrologie, en tout cas de l’importance du corps dans l’accompagnement des personnes en souffrance était justement dans cette unité où nous avions monté un groupe avec une infirmière qui avait fait de la sophrologie et où par quelques techniques simples essayons de réconcilier ces mamans avec leur propre corps et surtout les aider à vivre leur corps dans leur unité.

De retour en tant que responsable d’un centre de PMI, quelque chose me manquait pour quelquefois atteindre les mamans en difficulté dans le lien leur bébé, du fait de leur propre histoire, de leur situation personnelle, d’une séparation précoce ou d’une pathologie du bébé.

Difficile pour ces mamans de parler, d’évoquer leur propre émotions, de se libérer des angoisses souvent projetées sur leur bébé, de se réapproprier leur corps et d’inclure le bébé dans leur sphère personnelle sans s’oublier elle-même.

Petit à petit, je me suis informée, renseignée, ait établi des contacts avec des sophrologues.

J’avais depuis longtemps envie et besoin de monter ma propre structure pour accompagner la parentalité autrement.

Le cheminement s’est fait en 2 ans pour prendre la décision de démissionner de mes fonctions et de me lancer dans la grande aventure avec un objectif est d’ouvrir l’espace actuel.

Comment êtes-vous formée en sophrologie ?

Ma formation de sophrologie s’est déroulée à L’Académie de sophrologie de Paris du Dr Chéné, complétée par les cycles de sophrologie ludique de Ricardo et Claudia Sanchez.

Il me paraît indispensable de pouvoir élargir nos connaissances en se formant avec divers formateurs et divers courants afin de prendre ce qui correspond le mieux à notre pratique sans prétendre qu’il n’existe qu’une seule sophrologie.

C’est pourquoi je spécialise mes formations dans diverses écoles autour de l’enfant, de la maternité et de l’adolescent. Parallèlement je me suis formée au massage bébé et femmes enceintes.

J’ai terminé ma formation de sophrologie en septembre 2011.

L’ouverture de l’espace « sens et être »  est prévue pour le 22 septembre 2012.

Espace adapté aux adultes, aux enfants et aux bébés où j’ai choisi de travailler en collaboration avec un psychologue spécialiste de la périnatalité et une thérapeute en massage pour les mamans et les femmes en général.

Nous déclinons divers ateliers et proposons des consultations individuelles.

Comment abordez-vous la sophrologie avec les mamans et les bébés ?

La sophrologie avec les mamans et leurs bébés.

La grossesse et l’accouchement sont certainement les évènements les plus importants dans la vie d’une femme, heureux évènement le plus souvent mais aussi le plus bouleversant tant au niveau psychique, émotionnel et corporel.

La sophrologie en prénatal permet de procurer à la future maman un véritable état de détente, de se mettre à l’écoute de ses sensations, des émotions tout en prenant conscience des modifications corporelles. Elle permet souvent  de réapproprier une nouvelle histoire, quand l’accouchement précédent a été difficile, les mamans sont alors souvent à la recherche de moyens leur permettant de vivre pleinement leur accouchement sans être passive devant la technique ou de gérer au mieux la douleur afin de ne pas se laisser déborder par les peurs.

Les mamans ont besoin aussi de vivre la présence de leur bébé dans leur ventre, cela permet un véritable recentrage sur leur corps et sur leur bébé malgré quelquefois les inquiétudes ou les difficultés de la vie quotidienne.

C’est un outil formidable pour accompagner, soutenir cette période où les mamans sont fragilisées. J’utilise les techniques comme la SBV1, la SRS2, la RDC13, Sophro concentration partie génitale, la présence du bébé, les sens, la sap et ce en fonction de la problématique si j’interviens en individuel.

En collectif, je propose 7 séances de sophrologie à partir du 5iéme mois de grossesse.

En s’occupant de la future maman, on soigne la relation à venir avec son bébé. C’est pour moi une véritable prévention.

La sophrologie en post natal se fait soit en groupe, soit  en individuel, soit en liaison avec le groupe massage et relaxation. Dans tous les cas, le travail en post natal est une continuité et un acte de prévention pour repérer ou accompagner les difficultés du lien.

Si la naissance est source de bonheur, elle est très idéalisée dans les magazines. Les mamans sont quelquefois submergées par la fatigue et l’anxiété.

Dans ces groupes, on amène les mamans à se libérer des tensions, à  prendre un temps pour elles, à reprendre confiance en leurs compétences de mamans. Les mamans viennent en fonction de leur possibilité avec ou sans leur bébé. On s’adapte au rythme des enfants. Il n’est pas rare de voir les bébés bénéficier de la séance en restant calmes et éveillés.

Les techniques utilisées sont axées sur la mobilisation d’énergie, l’intégration de l’enfant grâce à la RDC2 5 sens, la SRS, etc. Je travaille beaucoup sur l’image en SBV en intégrant le premier contact avec le bébé.

Si il y eu des difficultés lors de la naissance, il faut rester prudent et adapter son discours, les valeurs de la famille, de l’individualité… Les techniques s’adaptent merveilleusement au contexte post natal.

Bien sur un temps de parole a lieu en fin de séance, ici on s’autorise à dire qu’il n’est pas toujours facile d’être maman, que le lien d’amour a besoin de temps pour se construire sans jugement.

– Le groupe massage et relaxation est très apprécié des mamans. Ici, on partage, on discute entre mamans, je propose des séances courtes de relaxation en fonction de l’état du groupe, des besoins des mamans, cela peut être de la relaxation, ou une technique où l’on amène l’énergie, la chaleur, de la RDC1, j’intègre systématiquement quelle que soit la technique le bébé dans mon terpnos logos.

Les séances sont très courtes environ 10 min, afin de pouvoir passer au massage de son bébé.

L’intérêt de ce groupe est de pouvoir donner l’occasion aux mamans de s’accorder du temps juste pour elle, afin de pouvoir être disponible psychiquement pour leur bébé. Je reproduis finalement ce qui ce passe quand elles sont chez elle avec leur bébé, comment peut-on conserver son propre espace psychique tout en intégrant le bébé dans sa nouvelle vie sans se laisser envahir ou déborder.

Quand on a pris du temps pour soi, que l’on s’est recentré sur ses propres sensations, il est plus facile de s’occuper de l’autre avec toute l’attention que cela demande.

Qu’apporte la méthode dans le travail de puéricultrice ?

Comme je l’ai expliqué plus haut, mon travail de puéricultrice s’oriente déjà depuis plusieurs années, non pas sur des techniques paramédicales ou des conseils drastiques de puériculture, mais bien sur ce qui me paraît le plus important pour les parents : l’accompagnement de la découverte de leur enfant, la place que l’enfant occupe, la place de parents, l’histoire de chacun pouvant interférer dans cette relation ; les peurs, l’anxiété, le manque de confiance pouvant aussi mettre à mal cette relation. La sophrologie vient aider à corporaliser ces sensations, à lâcher prise, à établir le contact autrement avec son enfant.

Comptez-vous exercer les 2 métiers ?

En créant mon centre, j’allie mes deux casquettes de puéricultrice et de sophrologue.

Je ne suis plus là en tant que puéricultrice donnant des conseils de puériculture mais j’utilise ma connaissance de la périnatalité, de l’observation de l’enfant, du fonctionnement de la relation pour soutenir les parents et les accompagner dans la découverte de leur enfant. Il me paraît important de se servir des bases solides et de l’expérience du métier de puéricultrice et de travail antérieur avec des familles quelquefois en difficulté afin de pouvoir mener un cadre de groupe, ne pas laisser les parents sans réponses et de pouvoir aborder certaines situations avec professionnalisme et savoir orienter. Le rôle de la puéricultrice est ici étroitement lié à celui du sophrologue qui ont pour même objectif : soutenir, accompagner, valoriser et porter vers le chemin du mieux-être.

Ma casquette de puéricultrice me permet de travailler, je l’espère, en collaboration avec les structures hospitalières ou sociales ou les médecins libéraux.

Je travaille étroitement avec une psychologue spécialisée en périnatalité qui consulte 2 fois par semaine au centre et qui à également fait une formation de sophrologie pour les femmes enceintes.

Est-ce que le public connaît la sophrologie au moment où vous lui en parler ?

Le public que je reçois connaît de façon très floue ce qu’est la sophrologie sauf certaines mamans en ayant fait pendant la grossesse.

Un temps est toujours prévu pour expliquer au mieux avant de passer à la pratique qui est d’ailleurs la façon la plus claire d’intégrer le principe.

Le site que j’ai créé essaie de répondre au mieux à ces questions et le blog permet de correspondre avec les personnes intéressées ; les portes ouvertes organisées permettront je l’espère de pouvoir donner les informations les plus claires possibles.

Au bout de 3 ans de travail, de réflexions et de formations, ce projet qui me tenait tant à cœur voit le jour.

Son site web : www.sens-etre.com

SBV : sophro nidation de base vivantielle qui se rapproche de la relaxation avec prise de conscience de chaque partie du corps.
SRS : c’est la synchronisation de la respiration, concentration sur la respiration, sur la respiration relaxante, sur le rythme, la localisation. Il s’agit de synchroniser une image agréable avec sa respiration, ce qui permet d’apaiser les tensions.
RDC1 : relaxation dynamique au cours de laquelle on prend conscience du schéma corporel et de ce qui l’entoure.