Coupe du monde de football : ferveur et souffrance

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La coupe du monde de football a fourni son lot d’émotions. L’équipe de France, dans la continuité du travail entrepris par Laurent Blanc, s’est reposée sur Didier Deschamps. Ce dernier a déclaré avant l’épreuve, que personne d’autre que lui ne s’occuperait de la préparation psychologique du groupe. Fort de son expérience, il a su fédérer des joueurs déterminés à aller le plus loin possible.

Il est fréquent que les entraîneurs confondent la sophrologie et la psychologie. De peur que l’ensemble de l ‘équipe ne soit déstabilisée, manipulée dans un sens qui ne soit pas favorable, ils préfèrent renoncer à une préparation. Pourtant, un(e) sophrologue intervient au niveau de la détermination, la méthode est corporelle, nous prenons soin du mental par extension, il n’y a pas de démarche visant à modifier la psychologie des joueurs ou d’un groupe.

Il est de coutume qu’un entraîneur se réserve le droit de préparer ses joueurs mentalement. D’ailleurs, pour Deschamps, le courant est bien passé, le dernier match de qualification contre l’Ukraine a réconcilié le public Français avec son équipe. La performance, ce soir là, a été collective. Les joueurs, le sélectionneur, l’encadrement et avec eux, le treizième « homme », le public n’ont fait qu’un. Tous dans le stade ont été transportés dans une sorte d’euphorie collective. Peut-on avancer l’hypothèse que c’est parce que les joueurs se sentent aimés qu’ils sont capables de donner beaucoup plus, d’être conquérants, de s’oublier et de se dépasser ? L’amour donne des ailes, les joueurs Brésiliens aimeraient en dire autant.

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La défaite du pays organisateur s’est transformée en déroute. Si l’on s’attache au résultat, la demi-finale est perdue, le Brésil est éliminé de la course au succès. Nous savons que la manière a de l’importance et ce jour là, cette équipe, bien que soutenue, adulée, adorée, a baissé les bras. Le match était certainement perdu avant même le premier coup de sifflet. Il y a toujours des explications rationnelles, un coupable à montrer du doigt. Mais si l’on sort de tout jugement sportif, c’était quand même le grand écart, d’un côté une crise économique sans précédent et de l’autre la fête, les cariocas, le football pour oublier le marasme dans lequel le pays est plongé depuis des mois. Le défi n’était pas que sportif et finalement, dans ces conditions, jouer « à la maison » était loin d’être un avantage. Cette fois là, le sport n’a pas caché la misère, les joueurs ne sont pas des pantins !

Après cet épisode, que pourrait proposer un(e) sophrologue pour que les célèbres joueurs de la « Seleçao » puissent digérer cet échec ?

La réponse collective ne me paraît pas réaliste. La sophrologie se pratique bien en groupe, mais avec des personnes volontaires. Il est peu probable de réunir l’ensemble de l’équipe, de mettre en place un continuum pour qu’ils puissent se relever de cette expérience dans le même temps. D’autant plus que tous jouent dans des clubs aux quatre coins de l’Europe et du Brésil.

La réponse individuelle est beaucoup plus adaptée. La priorité, c’est de permettre à la personne de couper mentalement avec ce qui s’est passé. Pour ça, plusieurs séances de relaxations dynamiques destinées à chasser les ruminations mentales en lien avec la culpabilité et la honte. Avoir un bon contrôle sur le corps permet de moins subir les affects qui ont accompagné et qui les accompagneront certainement longtemps si rien n’est fait dans ce sens. L’argent et le confort dans lequel sont installés la plupart des joueurs de ce calibre ne peuvent pas gommer les sentiments négatifs générés par les échecs collectifs ou individuels.

La sophrologie crée des conditions pour mieux relativiser, nuancer notre rapport à la raison et aux émotions. Cet exemple de compétition sportive ratée met en évidence que la ferveur accompagne très souvent la souffrance. Pour se relancer, il est certainement important de « voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide »,  tout est une question de représentation.

Auteur : Laurent Favarel, Sophrologue.

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