SOPHROLOGIE ET SPORT : UTILITE DE LA RELAXATION MUSCULAIRE

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L’énergie d’un athlète est autant psychique que physique. Savoir se servir de la conscience favorablement, c’est l’assurance de disposer de réserves supplémentaires en compétition. La sophrologie offre un large spectre d’intervention dans la mise en condition des sportifs. Elle s’appuie sur des fondamentaux comme la respiration, la prise de conscience du schéma corporel et la réalité objective (1) du sophrologue. Une fois ce cadre posé, le compétiteur va progressivement développer des capacités d’adaptation en adéquation avec ses besoins. Il va éviter de penser de manière magique qu’il suffira de fermer les yeux et de tenir un discours positif pour s’améliorer. L’imagination est un outil précieux. Avant de l’utiliser, pour réguler le stress pré-compétitif, par exemple, mieux vaut avoir entraîné le corps à se relaxer. Quand le corps n’est pas suffisamment pris en compte, l’utilisation de la visualisation ne servira qu’à alimenter les attentes du sportif ou les illusions du préparateur mental.

 

LA RELAXATION PROGRESSIVE

Edmund JACOBSON (1888-1983) était un médecin américain. Il a réussi à démontrer que le relâchement musculaire entraîne une détente mentale. Il a développé sa méthode de relaxation différentielle pour lutter contre le stress. Selon lui, c’était le mal du siècle ! C’est dans son laboratoire de physiologie clinique à Chicago qu’il a développé ses techniques. Il a été l’un des premiers à encourager ses patients à expérimenter des exercices quotidiennement. Pour cela, il a mis à disposition des guides d’entraînement et plus tard des cassettes audio.

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Il valide en partie sa méthode en se basant sur la mesure de la tension artérielle pour constater les progrès de ses patients. Dans son livre « savoir relaxer », il avance le cas d’un chirurgien qui ne pouvait plus travailler. Cet homme avait une tension systolique de 175 et une tension diastolique de 113. Le repos, les loisirs ou l’exercice physique n’ont pas suffi à faire baisser sa tension artérielle. En quelques mois de pratique de relâchement musculaire, les mesures sont revenues dans la norme (2) et le patient a pu reprendre le cours de sa carrière. L’intérêt de cette méthode de relaxation pour le sportif est le développement de la conscience corporelle. Dans ce contexte, il bénéficie de perceptions internes et externes beaucoup plus subtiles qui l’amènent à différencier les sensations éprouvées et ses émotions.

 

sophrologie et sport

DE LA RELAXATION A LA VISUALISATION

D’un point de vue émotionnel, la prise de conscience et l’identification de toutes les informations qui proviennent de l’extérieur sont des facteurs déterminants dans la performance. Ces informations stimulent la surface corporelle à travers la peau et les organes des sens. Le corps et la conscience de l’individu doivent pouvoir contenir tous les stimuli pour distinguer ce qui va être utile, même lorsque les affects provoqués par ces stimuli sont désagréables ou défavorables. Il a ainsi la capacité d’être lui-même tout en ayant une réelle conscience de ce qui l’entoure. Une fois que la liaison entre le corps et l’esprit a été consolidée, l’individu va accepter ses émotions dans des proportions telles qu’il ne se laissera pas parasiter par l’enjeu des actions à mener pour « performer ».

A partir de là, le sophrologue peut proposer l’exploration de la tri-dimensionnalité (passé, présent et futur). Il sollicite la mémoire de la personne pour qu’elle ramène au présent de la confiance acquise durant les expériences passées. Il peut aussi travailler les habiletés techniques. En sophrologie, cela s’appelle la « sophro-correction gestuelle ». Il est également intéressant de prendre pour pilier l’imagination du sportif pour qu’il se projette dans des limites réalistes sur un objectif. De cette façon, il pourra optimiser son comportement en compétition.

La sophrologie sportive est une spécialité relativement récente. Plutôt que de s’intéresser au résultat, elle propose au sportif de se recentrer sur ce qui fait son individualité, même en dehors des épreuves. Elle l’encourage à sortir des fameux « il faut ou je dois » pour  qu’il adopte une posture dynamique, sans se faire envahir par ses émotions. Sa généralisation dans le sport de haut niveau date de 1967. Raymond Abrezol est un dentiste de nationalité suisse formé à la psychanalyse Jungienne. Il est un collaborateur privilégié d’Alfonso Caycedo, le fondateur de la sophrologie. C’est avec lui que la fabrique de skis Rossignol finance la préparation mentale de certaines skieuses de l’équipe nationale suisse sans que la fédération n’ait été informée. Il entame un travail clandestin, contraint par le positionnement du directeur des équipes de ski. C’est en catimini qu’il imposa le bien-fondé de la méthode avec des résultats exceptionnels, notamment aux jeux olympiques de Grenoble en 1968. Il a su partager son travail et démontrer la corrélation entre l’équilibre émotionnel d’un compétiteur et ses résultats.

 

Laurent Favarel, Sophrologue

 

 

 

(1)Mise entre parenthèse des préjugés du sophrologue.

(2)Tension systolique de 135 et tension diastolique de 90.

 

Bibliographie :

Didier Anzieu, Le moi-peau, Bordas 1985 ;

Raymond Abrezol, Sophrologie et sports, Chiron 1992 ;

Edmund Jacobson, Savoir relaxer, Les éditions de l’homme 1980 ;

Pascal Gautier, Découvrir la sophrologie, Dunod 2008.