Interview de Catherine Aliotta, Présidente de la Chambre Syndicale de la Sophrologie
Le 13 mars 2014 le Conseil d’administration de la Chambre Syndicale de la Sophrologie a modifié ses critères d’adhésion. Celle-ci est désormais gratuite pour les membres passifs. Nous avons donc posé quelques questions à Catherine Aliotta, Présidente de la Chambre, autour de ces nouveau critères.
Bonjour Madame Aliotta ! Le Conseil d’administration de la Chambre que vous présidez vient de prendre une décision importante : la possibilité d’adhérer gratuitement. Quelle est la raison de cette décision ?
Nous avons pris cette décision pour réparer une injustice et permettre à tous les sophrologues d’être représentés par une organisation professionnelle quels que soient leurs moyens financiers. Nous avons constaté que ceux qui ont le plus besoin de la Chambre sont ceux qui ont les moyens les plus faibles.
Nous voulions également que tous les sophrologues aient la possibilité d’être couverts par une assurance de responsabilité civile professionnelle, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Pourquoi ne pas avoir fait une cotisation minime de 5 € par exemple ?
Parce que le traitement administratif et comptable aurait coûté plus cher que le gain de cette cotisation. Il faut avoir conscience qu’une cotisation entraine un processus administratif et comptable et qu’il faut des moyens humains pour le mettre en œuvre. Nous fonctionnons uniquement avec du bénévolat et nous souhaitons conserver ce mode de gestion. Nous ne voulons pas consommer notre budget dans des frais de fonctionnement.
Est-ce que l’adhésion est gratuite pour tous les membres ?
La Chambre a deux types de membres, les actifs et les passifs, seuls les membres passifs auront la gratuité de leur cotisation.
Est-ce que les services de la Chambre seront gratuits également ?
Non, car nous pensons que l’utilisateur d’un service doit y contribuer. De plus, les finances de la Chambre ne le supporteraient pas, car derrière un service il y a des frais incompressibles.
Cette nouvelle disposition va-t-elle avoir un impact sur le fonctionnement de la Chambre notamment en matière de budget ?
La Chambre a une bonne trésorerie et elle peut faire face à ses obligations. De plus, la Chambre n’a pas pour vocation de faire des bénéfices donc nous préférons que les sophrologues utilisent leur budget pour développer leur activité.
Seuls les membres actifs pourront accéder aux mandats et voter. Que répondez-vous à celles et ceux qui pourraient vous reprocher de priver les membres passifs du droit de vote ?
Je leur répondrai qu’en fait, rien n’a changé. Les membres passifs n’ont jamais eu de droit de vote. Ce qui a changé, c’est qu’auparavant, un sophrologue installé n’avait pas d’autre choix que de payer une cotisation et d’être membre actif. De plus, un membre passif peut toujours payer sa cotisation s’il souhaite voter, c’est donc lui qui se donne ce pouvoir et pas nous.
Dans ce cas, seuls les membres actifs et donc les cotisants prendrons les décisions ?
Oui car le droit de vote en assemblée sert, entre autres, à valider les actions à mener mais surtout les budgets à y consacrer. Il nous parait donc normal que ce soient les cotisants qui décident de ce qui sera fait avec leur cotisation.
Ne craignez-vous pas que finalement les décisions soient prises par une minorité de membres ?
C’est déjà le cas puisque seuls 5 % des membres participent aux assemblées générales et moins de 1 % participent à la vie de la Chambre. Cette faible participation est logique car les sophrologues ont déjà des journées bien chargées et je comprends que la Chambre ne soit pas leur priorité. Cependant, nous pensons atteindre les 2000 membres rapidement et si les proportions se confirment, nous devrions avoir plus de 100 votants aux assemblées. Je pense que ce nombre devrait suffire pour respecter le débat démocratique.
Les membres ont accès aux différents services, mais peuvent-ils représenter la Chambre ? Si oui, comment ?
Les membres passifs peuvent présider ou participer à des commissions ou occuper les fonctions de délégué régional ou départemental.
Seuls les mandats d’administrateur leurs sont inaccessibles.
Que répondez-vous à ceux qui disent que cela va nuire à la qualité des sophrologues ?
La Chambre n’est pas un organisme de labellisation qui décrète qu’un sophrologue est bon ou mauvais. C’est un organe de représentation, sa mission est de rassembler et non de diviser.
Par ailleurs, évaluer la qualité des sophrologues est une tâche difficile car il faudrait définir le « bon sophrologue ». Des tentatives1 en ce sens ont déjà été tentées par le passé mais les intérêts partisans ont malheureusement pris le dessus et les seuls critères de qualité qui sont restés sont ceux du temps de formation ou du mode de formation. Or aujourd’hui le monde bouge vite et la technologie2 modifie la manière d’enseigner. Je pense que notre secteur d’activité n’est pas encore prêt pour ce débat même si je suis convaincu qu’il devra avoir lieu un jour. Nous devrons d’ailleurs probablement faire appel à des personnes extérieures à la sophrologie pour nous aider à rester objectifs.
1 – Les « Etats généraux de la formation des sophrologues » auxquels la Chambre n’a pas participé.
2 – De grandes universités développent maintenant les cours en ligne pour augmenter l’égalité des chances face à l’éducation.